mardi 21 mars 2017

14 A propos de la grammaire en Belgique

Sur une incongruité grammaticale proférée par le linguiste belge Marc Wilmet dans Télérama




Classement : grammaire ; linguistique

Référence
*Marine Landrot, « Un enseignement néfaste pour l’intelligence » (entretien avec Marc Wilmet), Télérama n° 3503, 1° mars 2017, pages 26-28

Présentation
Dans ce numéro, Télérama consacre à l’ « affaire du prédicat », sous le titre Faut-il supprimer l’enseignement de la grammaire à l’école ?, un dossier composé d’un article de Marion Rousset, « Grammaire : simplifier, c’est compliqué », et de l’entretien référencé.
Marc Wilmet énonce un certain nombre de choses plus ou moins intéressantes, puis il advient que son discours dérape sérieusement, sans que Marine Landrot s’en offusque.

Texte
 De « On nous a appris... » à la fin.

 Le texte se poursuit par « [voulez-]vous qu'il s'y retrouve ? »

Analyse
Pour ma part, ayant reçu mon instruction primaire dans les années 1950, je me rappelle parfaitement que pour trouver le sujet, on devait poser la question « Qui est-ce qui… ? ». Par exemple, pour la phrase « Le chat a mangé une souris » (ça arrive), on se demande « Qui est-ce qui a mangé une souris », réponse : « le chat », qui est donc « le sujet ». Si en revanche on s’intéresse à la souris, on pose la question « Qu’est-ce que le chat a mangé ? », réponse « une souris », qui est donc « le complément » (bien entendu, ce n’est pas la souris-animal qui est le complément, mais le groupe de mots « une souris »).
« Qui est-ce qui… ? » et « Qu’est-ce que… ? » : voilà les deux questions que j’ai appris à poser.
De ce fait, la question « Qu’est-ce qui… ? » me parait quelque peu bizarroïde pour localiser le sujet, ou même le complément. Du reste, Marc Wilmet l’abandonne aussitôt ; à propos de son exemple « Il pleut des hallebardes », il pose la question « Qu’est-ce qu’il pleut ? ». Or cette formulation correspond à la question « Qu’est-ce que… ? », avec élision du « e » de « que » devant voyelle ; elle ne peut en aucun cas être dérivée de la question « Qu’est-ce qui… ? ».
Si on veut respecter la norme de la pédagogie ancienne, pour trouver le sujet de cette phrase, il faut poser la question « Qui est-qui pleut des hallebardes ? », et la réponse ne peut être que « il ». « il » est le sujet grammatical, indépendamment de tout sens (puisque « il » ne renvoie a priori à rien). A partir de là, on peut s’intéresser aux hallebardes et poser la question « Qu’est-ce qu(e)’il pleut ? », réponse : « des hallebardes », qui est donc déterminé comme complément (la grammaire traditionnelle parlait de « sujet réel », ce qui est  absurde).
En fait, Marc Wilmet a choisi un exemple retors, la formulation « impersonnelle ». Il est évident que « il pleut », « il neige », « il faut » posent des problèmes d’articulation du sens avec la structure linguistique, étant donné qu'on ne sait pas du tout ce que représente ce « il »
Et sur son exemple retors, il pose une question tordue (« Qu’est-ce qui… ? »), une question qu’il a inventée de toute pièce, une question qui ne peut pas être posée en français ! Peut-être a-t-il pensé à un énoncé du type « Qu’est-ce qu’i fait, s'gars-là ? ».

Conclusion
Bravo la linguistique belge (ou téléraméenne ?) !!!



Création : 21 mars 2017
Mise à jour :
Révision : 2 septembre 2020
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 14 A propos de la grammaire en Belgique
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/03/a-propos-de-la-grammaire-en-belgique.html








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