jeudi 23 novembre 2017

24. Alain Finkielkraut et les vaches carnivores

A propos d’un lieu commun inadéquat


Classement :




Dans l’émission Répliques du 4 novembre 2017, consacré au film d’Hubert Charuel, Petit paysan, Alain Finkielkraut a repris une formulation fréquemment utilisée à l’époque de la crise de l’ESB : « Les vaches tombaient malades parce qu’on les avait rendues carnivores ».
Il me semble que cette formule n’est pas adéquate.
1) Tout d’abord, les vaches sont tombées malades parce qu’on leur fournissait une nourriture (farine de viande) contaminée par la tremblante du mouton ; en revanche les farines de poisson n’ont provoqué (pour autant que je sache) aucune maladie chez les vaches, ni les farines de viande non contaminées.
2) D’autre part, peut-on qualifier de « carnivore » l’absorption de farines de viande ?

Lorsqu’on prononce ce mot, on évoque presque automatiquement des images de dents acérées, de lacération, d’arrachement de chairs sanguinolentes, etc. Ce n’est évidemment pas le cas. Les dents des vaches n’avaient nul besoin de devenir plus pointues, ni leur pelage de se doter de rayures noires.
D’un point de vue plus scientifique, peut-on assimiler la consommation de viande (fraîche ou cuite), de fibres, de graisse, de sang, donc, avec la consommation de farine produite à partir de viande animale. Il est évident qu’il n’y a pas d’analogie de structure (ce qui aurait des conséquences sur le plan digestif). Qu’en est-il sur le plan chimique : les composants de ces farines sont-ils équivalents à ceux de la viande ? (de la même façon, par exemple, qu’absorber du charbon de bois réduit en poudre, ce ne serait pas manger du bois, mais du carbone).

Il me semble qu’il y a dans cette phrase une dimension exagérément catastrophique. Une espèce de lieu commun apocalyptique (une évocation de l’inverse de l’ « âge d’or », période durant laquelle nos carnivores mangeaient de l’herbe).
Ce qui ne signifie pas qu’il y ait lieu de donner des farines, en particulier animales, à des vaches ! Mais pas non plus de dire un peu n’importe quoi…

Par ailleurs, cette émission montre qu’Alain Finkielkraut n’est pas préoccupé exclusivement par l’islam : ce jour-là, il s'intéressait aux problèmes de la paysannerie, de l'agriculture... 

Ajout (14 décembre 2017)
Les déclarations d'Alain Finkielkraut sur l'affaire Weinstein (destinée à détourner l'attention du machisme musulman) et sur les funérailles de Johnny Hallyday (les non souchiens n'y étaient pas) sont, disons, extrêmement décevantes...
A son sujet, un texte très intéressant de Claude Askolovitch sur Slate (lien).

Ajout (6 septembre 2018)
Ce jour, dans l'émission de France Inter Le téléphone sonne, thème : « Vegans contre viandards ».
Au début de l'émission, le scandale des vaches carnivores a été dûment quoique rapidement évoqué.
Envoyé un message : 
« Est-ce qu'une vache qui absorbait des farines d'origine animale, était devenue "carnivore" (attentant ainsi à l'ordre établi par Dieu, qui a justement puni le responsable, l'homme) ?
Les farines ne contiennent ni sang, ni "chair" : c'est de la chair qui a subi une telle transformation qu'elle n'en est plus vraiment. Être carnivore, cela implique de déchirer des fibres musculaires ; ce n'est plus le cas avec des farines (comment être carnivore quand on a perdu toutes ses dents en 1 leçon).
Le vrai problème dans l'histoire de la vache folle, c'était de donner des farines contaminées par la tremblante du mouton. Bon, je dis ça, je dis rien. Je ne suis pas journaliste...»




Création : 23 novembre 2017
Mise à jour : 6 septembre 2018
Révision :
Auteur : Jacques Richard
Blog : Les Malheurs de Sophisme
Page : 24. Alain Finkielkraut et les vaches carnivores
Lien : http://lesmalheursdesophisme.blogspot.fr/2017/11/alain-finkielkraut-et-les-vaches.html








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